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Les dossiers de la Commission Droits de l’Enfant de l'ONG Amnesty France a publié un dossier sur l'accueil des mineurs isolés étrangers en France.

Sur le territoire français arrivent de nombreux mineurs isolés, fuyant leur pays d’origine, parce que la vie n’y est plus vivable. Aucun présent n’est tenable, aucun avenir n’est envisageable. Ils ont dû quitter leur famille, leurs amis, leur école, leur foyer protecteur. Ils sont sortis brutalement de l’enfance. Ils ont dû plonger dès leur plus jeune âge dans le chaos du monde. 

On exige de l'enfant une cohérence d'adulte

Lors de leur voyage, ils ont dû subir de nombreuses violences et ont été soumis à des agressions traumatiques dont ils subiront les conséquences toute leur vie. Ils arrivent en France, seuls, sans famille ni ami, ayant subi parfois les coups des passeurs et des trafiquants. Une fois arrivé au pays, dit des Droits de l’Homme, le parcours éprouvant n’est pas terminé. L’enfant doit prouver lui-même qu’il est mineur. Il doit en permanence convaincre une administration qui cultive, de manière obsessionnelle, le doute et le soupçon. 

Lorsqu’il possède des papiers, leur validité peut être mise en doute. On l’examine comme du bé- tail, qualité de la denture, croissance des cartilages osseux, grandeur de la pomme d’Adam, des tests à la fiabilité douteuse. Traumatisé par son périple, isolé et perdu, il doit répéter de nombreuses fois son histoire. On exige de lui une cohérence sans faille du récit, des dates et des lieux. On étudie son comportement, on soupèse sa capacité de raisonnement et de compréhension. On demande à un enfant de prouver qu’il est un enfant, en exigeant de lui une cohérence d’adulte. 

En France, l'intérêt supérieur de l'enfant complètement ignoré

Même lorsqu’il n’est pas qualifié de «non mineur» et devrait en consé- quence être immédiatement pris en charge, hébergé, soigné, nourri, les délais d’attente, les décisions différées, les insuffisances en lieux d’hé- bergement sont tels qu’il peut se retrouver toujours seul, souvent à la rue, sans aide, à la merci des trafiquants et exploiteurs de tout acabit. Dans une récente note, le Comité des Droits de l’enfant de l’ONU a épinglé la Grande-Bretagne et la France comme ayant failli sérieusement à leurs obligations stipulées par la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), pour la manière avec laquelle a été traitée la situation des enfants qui vivaient dans le camp de migrants de Calais. Elle souligne que l’intérêt supérieur de l’enfant a été complètement ignoré. 

La multiplication des obstacles à l’accueil des mineurs isolés étrangers favorise les activités des trafiquants. Après le refus que la Grande Bretagne oppose aux espoirs de nombreux mineurs isolés de rejoindre leur famille, ceux-ci retournent dans le Calaisis retenter le passage sauvage et dangereux de la Manche. Les autorités et la société civile doivent faire bien mieux pour être à la hauteur de leur signature de la CIDE.

Tout le dossier disponible ici.