La crise de la Covid-19 fait surgir de nombreuses crispations dans le social, tout comme chez les adolescents, et les passions ébranlent et troublent de toutes parts. Ce contexte révèle la singularité de chaque adolescence et souligne la fonction structurante du social dans le passage adolescent. La crise, qu’elle soit sanitaire ou d’adolescence, est par essence un moment potentiellement générateur de changement et de renouveau.

La pandémie Covid-19 relance une question centrale : quel monde voulons-nous pour nos enfants ? Ces jeunes dits « ensauvagés » sont les « rejetons » de l’ensauvagement du monde, les produits d’une idéologie néo-libérale qui occulte les détresses sociales et psychiques qu’elle engendre. Ce livre déplie les retentissements sur les adolescents et les jeunes pour en mesurer les effets délétères particulièrement sur les plus vulnérables.

Les transformations corporelles s’imposent à l’adolescent.
Elles soulèvent la question du regard des autres sur le jeune homme ou la jeune fille qu’il devient, l’ouverture au désir et à la génitalité. Son corps échappe à son contrôle, de même le statut qu’il acquiert au sein du social.
En jouant de son apparence, le jeune fait de sa peau un outil d’expérimentation de soi, d’exploration et de recherche identitaire.
Mais aussi, le corps se fait projection du mal-être de l’adolescent quand ses repères manquent et que s’affaiblit la solidité du monde des adultes. Les tentatives d’appropriation et de contrôle de l’image de soi par la coiffure, les tatouages, les vêtements peuvent s’avérer signes de détresse dans les conduites à risque, les addictions, les troubles alimentaires qui disent une volonté d’échapper à une identité insupportable.

Les conduites à risque sont des manières ambivalentes de lancer un appel aux plus proches, à ceux qui comptent. Elles témoignent de la résistance active du jeune et de ses tentatives de se remettre au monde. En dépit des souffrances qu’elles entraînent, elles possèdent un versant positif, elles favorisent la prise d’autonomie du jeune, la recherche de ses marques, elles sont un moyen de se construire une identité. Elles n’en sont pas moins douloureuses dans leurs conséquences à travers les blessures ou les morts qu’elles entraînent. Mais la souffrance est en amont, perpétuée par une conjonction complexe entre une société, une structure familiale, une histoire de vie.
Ces épreuves que les jeunes s’infligent répondent à cette nécessité intérieure de s’arracher à soi-même et de renaître meilleur. Ce sont des rites intimes, privés, autoréférentiels, insus, détachés de toute croyance et tournant le dos à une société qui cherche à les prévenir.